Une initiative locale pour résoudre une crise locale. La Nourish Cowichan Society est née du besoin de nourrir les enfants. La Cowichan Valley compte plus de 4 100 enfants vivant dans la pauvreté, soit environ 30 % des enfants de la région. Un certain nombre de ces élèves vont à l’école le ventre vide.
Quand elles ont appris que des enfants de la région allaient à l’école sans avoir pris de déjeuner, Dina Holbrook (ancienne infirmière), Fatima Da Silva (cheffe cuisinière) et Anita Carroll (infirmière enseignante en santé publique) ont décidé de passer à l’action. Déterminées à aider les familles de leur région, elles se sont adressées à la direction d’une école locale.
La première école. La direction et le personnel de l’école Khowhemun Elementary étaient prêts à faire changer les choses et avaient déjà mis en place une partie de l’infrastructure de base pour offrir un programme de déjeuner. En collaborant avec le personnel de l’école, l’équipe de la Nourish Cowichan Society a plus facilement appris la meilleure façon de structurer et de mettre en œuvre leur programme. En à peine quelques semaines, le premier programme de déjeuner était lancé et nourrissait jusqu’à 90 élèves chaque matin.
Au départ, l’équipe de la Nourish Cowichan Society préparait les repas dans la petite cuisine d’un restaurant que l’une des membres, Fatima, avait loué à un domaine viticole. Bien que petite, cette cuisine remplissait les conditions de salubrité et de sécurité requises pour la préparation et la distribution des repas.
Conversations avec d’autres écoles. Le premier programme de déjeuner a fait ressortir toute l’ampleur de l’insécurité alimentaire. D’autres écoles de la région avaient aussi besoin d’aide pour s’attaquer au problème.
« Notre démarche consistait à essayer non seulement de fournir des repas, mais aussi de trouver un moyen viable de mettre en œuvre le programme. Nous avons rendu visite à quelques écoles pour nous renseigner sur les programmes qui existaient déjà. Beaucoup d’entre eux ne semblaient pas avoir de plan de pérennisation et faisaient juste tout leur possible pour gérer une crise chronique qu’il était devenu presque tabou de mentionner. Pour notre groupe, la question ne se posait pas : il fallait nourrir les enfants convenablement. »
L’équipe de la Nourish Cowichan Society a adapté le modèle de mise en place du programme partout où c’était possible. Faciliter l’adoption du programme par les écoles, c’était fluidifier sa mise en œuvre.
Naissance d’une organisation caritative. En décembre 2016, au terme de nombreuses discussions et d’un examen du potentiel du programme, le groupe a demandé sa constitution en organisme de bienfaisance enregistré au fédéral.
Ainsi pourvue, l’équipe était prête à se présenter au conseil scolaire. Elle a d’abord rencontré son directeur général, Rod Allen, qui a bien compris leur projet de contribuer à la bonne alimentation des enfants et a organisé leur rencontre avec le conseil d’administration ainsi qu’avec les autres directions d’écoles.
Collecte de fonds. « La première activité-bénéfice était une réception au champagne organisée un dimanche après-midi dans une exploitation viticole. Nous espérions qu’en amenant au moins 40 personnes à venir nous écouter parler de notre projet, nous collecterions un peu d’argent pour couvrir une partie des dépenses. Plus de 130 personnes invitées sont venues. Dès lors, nous savions que le public était prêt à entamer un dialogue sur la pauvreté des enfants dans nos écoles. Notre première activité-bénéfice a recueilli 5 000 $. Aujourd’hui, nos manifestations caritatives rapportent au total plus de 400 000 $ par an. »
Une plus grande cuisine. En l’espace de quelques mois, l’équipe a pris en charge d’autres écoles et a eu besoin d’une plus grande cuisine. Elle en a d’abord cherché une à louer ou à partager, mais elle s’est vite rendu compte que disposer de sa propre cuisine était essentiel à la réussite du programme.
Elle a alors demandé l’aide de la direction générale du conseil scolaire (SD 79) et, plus tard dans l’année, elle a eu le plaisir d’établir avec celui-ci un partenariat officiel mettant notamment à sa disposition une nouvelle cuisine située dans l’une des écoles. Cela incluait la signature d’un bail, pour que le programme reste indépendant du système scolaire.
Traduction d’un article paru dans la presse locale : « Un partenariat améliorant la sécurité alimentaire des élèves »
Grâce à un partenariat entre le conseil scolaire de la Cowichan Valley (SD 79) et la Nourish Cowichan Society, une organisation caritative, un ancien atelier de métallerie à l’École Mount Prevost de Duncan va être converti en centre de préparation alimentaire destiné à nourrir un plus grand nombre d’enfants dans la région.
« On sait que les enfants apprennent mieux quand on les nourrit bien, et malheureusement un certain nombre de nos élèves viennent à l’école le ventre vide », explique Candace Spilsbury, présidente du conseil scolaire (SD 79). « Nous nous félicitons de pouvoir mettre à la disposition de la Nourish Cowichan Society le centre de préparation alimentaire qu’il lui faut pour continuer son développement et élargir son programme d’alimentation à d’autres écoles dans la Cowichan Valley ».
Aujourd’hui, le conseil d’administration de cet organisme de bienfaisance reconnu poursuit ses efforts de collecte de fonds pour élargir son programme à plusieurs autres écoles et nourrir le plus d’enfants possible.
La Nourish Cowichan Society aujourd’hui. L’équipe du conseil d’administration et les plus de 60 bénévoles de la Nourish Cowichan Society s’honorent de venir en aide à plus de 1 300 élèves dans 20 écoles différentes. Le programme d’alimentation scolaire offre désormais des déjeuners, des dîners, des collations et des repas de fin de semaine.
La Nourish Cowichan Society s’est créée en peu de temps. Ses fondatrices cherchaient surtout à passer à l’action en tant que bénévoles de terrain. Par conséquent, l’administration et la structure de l’organisation avaient toujours un temps de retard sur sa rapide expansion, ce qui entraînait un flottement dans les fonctions et attributions de ses membres. Pour que le programme poursuive son essor de manière plus viable, l’équipe a fini par établir des principes et structures de gouvernance.
« Aucune organisation ne parvient au point où nous en sommes sans surmonter des épreuves et sans œuvrer tard dans la nuit et dès le petit matin. C’était l’urgence de fournir les repas aux enfants qui nous motivait. Les principes et procédures du conseil d’administration étaient le cadet de nos soucis… Et parfois les différents styles de gouvernance étaient source de désaccord. »
Il n’y a pas de structure universelle convenant à tous les organismes sans but lucratif, et il peut être nécessaire de changer de modèle au fil du temps. Il faut donc s’appuyer sur les retours d’expérience d’administratrices et administrateurs chevronnés, ou encore trouver des modèles de statuts et règlements sur Internet, puis les adapter aux besoins de son organisation.
Pour en savoir plus, consulter la page Mettre au point les procédures administratives et opérationnelles et le manuel des principes et procédures du conseil d’administration de la Nourish Cowichan Society (PDF, 512,5 Ko).